ÉTUDE PRÉALABLE A TRAVAUX DE CRISTALLISATION DES RUINES
MINISTÈRE DE LA CULTURE - DIRECTION DU PATRIMOINE
Patrice CALVEL ARCHITECTE EN CHEF DES MONUMENTS HISTORIQUES.

1992

RAPPORT SUR L'ÉTAT DES LIEUX

Notes générales:

Le château est presque exclusivement composé, en l'état actuel de ses courtines Nord et Est. Elle sont flanqués de leurs tours d'angles Nord-Ouest et Sud-Est. 
Les deux autres côtés du quadrilatère ont totalement disparu à une époque déjà ancienne, puisqu'ils n'apparaissent plus qu'en pointillé sur un plan en 1850.

De l'enceinte qui renfermait le reste de l'éminence au Sud, et qui formait peut être une basse-cour, ou bayle, il ne reste que des chicots, essentiellement en bordure Ouest.

En l'état actuel des ruines, le château présente une totale unité de construction : c'est une maçonnerie de moellons grossiers hourdés avec une chaux de bonne qualité, qui a été bien corroyée dans l'ensemble, ce qui explique en bonne part la survie des pans de murs qui n'ont pas été sapés par le prélèvement des matériaux.

il est évident que le château à servi de carrière, au moins depuis la Révolution.

La pierre de taille en appareil réglé et assisé n'est plus présente nulle part. seules les baies en face Est de la tour Sud-est présentent encore leur modénature. Toutes les autres maçonneries des baies ont étés arrachées por être réemployées, laissant des trous informes dans les parois.

Les harpes d'angles, sont en moellons équarris assisés de moyen appareil. Là où ils n'ont pas été prélevés pour réemploi, les murs sont restés bien liaisonnés.

Tous les couronnements des murs présentent une instabilité inquiétante. ce sont actuellement les parties les plus agressées et les plus fragiles du monument. ils présentent en outre des dispositions archéologique intéressantes.
Malgré les percements anarchique, les bases des murs sont restées bien assisés et présentent peu de désordres en dehors de ces arrachements.

Il n'existe plus qu'une seule salle voûtée, dans la souche de la tour Nord-Ouest. Très infiltrée par dessus, elle ne menace pas encore de s'effondrer.

Il n'existe plus aucune trace de charpente, suite certainement aux prélèvements et à l'incendie révolutionnaire. les niveaux de planchers sont toutefois reconnaissables à leurs fils de trous d'encastrement.

Les sols extérieurs sont bien dégagés, sauf de la végétation naturelle.
Les sols intérieurs sont en grande partie comblés et surhaussés par les matériaux d'effondrement du château.
Sur la surface du promontoire au sud des ruines, correspondant sans doute à l'ancienne basse-cour, le rocher affleure partout, et on n'y reconnaît pour l'instant aucunes traces d'aménagement.
Sur la surface prise dans les courtines encore en place, le sol naturel est invisible.
Il est colonisé par de très vigoureux brins dont la protection, ou plutôt la conservation, devra être prise en compte. 

La Tour Sud-Est (planches 5 et 6)

Elle est conservée en élévation à 19 m de haut sur ces faces Nord et Est.
Elle s'est effondrée sur les deux autres faces à partir de l'angle Sud-Ouest.
Le cône d'effondrement est resté en place sous cet angle, ce qui donne à penser que la chute à été facilité par les prélèvement des harpes de l'angle.

Les murs ont environ 1,40 m d'épaisseur à la base, et par retraites successives, environ 70 cm en partie haute, au niveau du premier crénelage.

La face Ouest présente un pan de mur largement fissuré qui est prêt à basculer.

La face Est est la mieux conservée. Elle est complète sur son élévation du XIIIème siècles, conserve encore une baie à réseau d'extrados trilobé et son crénelage fossilisé par son comblement médiéval, à l'époque (XIVème - XVème siècles ?) ou un nouveau crénelage lui fut superposé.
De celui-ci, il ne reste que des chicots d'angle, en équilibre instable.

La face Nord présente les mêmes particularités, mais les embrasements et arcs des baies qui menaient dans le corps de logis Est ont été arrachés, déstabilisent l'ensemble.

Cette tour est à la fois le signal et le vestige le plus évocateur du château. 


Courtine Est (planches 3 et 4)

Entre tour Sud-Est et angle Nord-Est :
Courtine effondrée sur environ le tiers de sa hauteur, par comparaison avec en retour au Nord. Elle est percée à la base de quatre meurtrières, dont une seule est complètement égueulée.
On note que cette courtine n'est pas du tout harpée à son extrémité Sud avec la grande tour, montrant celle-ci devait préexister à la courtine. 
Son extrémité Nord est déstabilisée par le prélèvement des pierres de harpage, et cette absence de liaisonnement menace, par les infiltrations et la solution de continuité, la stabilité des deux courtines.
On distingue des aspects de comblement de baies difficiles à interpréter, et qui devront être maintenus.

L'enduit beurré presque couvrant est bien conservé sur la partie inférieure du mur, à l'extérieur.
Au-dessus, le moellonage est de plus en plus déchaussé par les infiltrations et des éboulements peuvent se produire à court terme.
Or, ce front est très important, avec son retour au Nord, pour la conservation de la silhouette du Château.
A l'intérieur, ce mur présente des caractéristiques identiques.
Il repose directement sur le socle rocheux, en épousant le pendage Sud-Nord. 


Courtine Nord (planche 9)

Entre l'angle Nord-Est et la tour Nord-Ouest :
C'est la courtine la mieux conservée de tout l'édifice, et  vraisemblablement sur l'essentiel de la hauteur.
Elle n'est très détruite et menaçante que sur l'angle Nord-Est, suite au prélèvement des harpes d'angle.
Elle forme une paroi unique avec la tour Nord-ouest, avec un seul élément en hors œuvre qui a un contrefort.
Celui-ci étant appuyé très bas, on ne verrait pas bien son utilité si on ne constatait pas, par l'intérieur, qu'il s'agit en fait d'un renfort de la courtine en arrière d'une cheminée du corps de logis.
Deux baies situés aux deux tiers de la hauteur ont été égueulés par le prélèvement de leur appareil.
Au niveau du socle rocheux, trois passages dans la courtine, tout à fait anarchiques, perturbent la stabilité de l'ensemble.
Sur la moitié de la longueur, en raccord à la tour, un larmier en dalles de schistes traversantes supporte le couronnement très désorganisé qui a pu être un crénelage identique à celui de la tour.
C'est ce dallage qui a maintenu la courtine en la protégeant contre les infiltrations.
Le rejointement beurré de façade est moins bien conservé qu'à l'Est, mais le déchaussement du moellonage concerne surtout la base et les chicots au-dessus du larmier en schiste.
L'angle Nord-Ouest, qui est en fait celui de la tour, est encore parfaitement harpé sur les deux tiers de sa hauteur.
Les pierres n'ont été prélevés que sur 3 à 4 m de haut, fragilisant toutefois cet angle qui est maintenu par la végétation.


La tour Nord-Ouest (planches 1-2-7-9)

Parfaitement conservée sur l'ensemble de son élévation Nord, y compris son crénelage intact par dessus une corniche larmier en dalles de schistes.
Cette face était percée de 3 petites baies, l'une anciennement comblée en haut ; la plus basse éclairant l'actuelle salle voûtée.

La face plein Ouest est effondrée sur les deux tiers de la hauteur.
Il ne subsiste que le soubassement entourant la salle voûtée.
Même chose au Sud. C'est par ce côté qu'on accède à la salle voûtée. L'appareil de la porte a été arraché.
Le sol de la salle est légèrement en contrebas, et défoncé.
Elles est couverte par un berceau en plein cintre très infiltré, et le clavage constitué de moellons grossiers a perdu presque tout son mortier de fond de coffrage.
Il n'y a pas d'oculus dans la voûte ; on ne peut certifier qu'il s'agisse d'une citerne ouverte sur l'extérieur après coup.
Le sol au-dessus de la voûte est inaccessible, recouvert de gravois et de végétation.
La face Sud, très détruite, devait se situer en arrière d'un corps de bâtiment, si on en juge par les trous de solivage qui la traversent à deux niveaux, et les vestiges d'enduits courants.
Elle est actuellement très menaçante.
La face Est, qui était prise dans le corps de bâtiment principal, a conservé à l'étage un bel enduit courant, et au-dessus, deux sur quatre de ses créneaux.
Là aussi, une corniche en dalles de schistes a protégé le mur en-dessous


Courtine Ouest

Elle n'existe plus que dans le partie formant le soubassement Ouest de la tour Nord-Ouest, et en deux gros chicots qui se succèdent vers le Sud, et correspondent à la partie d'enceinte de la basse-cour.
L'envahissement par la végétation interdit de prendre l'exacte mesure des vestiges, qui sont en outre, à l'intérieur de la courtine, noyés dans les cônes d'effondrement.
A l'extérieur, le rocher affleurant sous les maçonneries montre que celles-ci ont conservé très peu d'élévation.

Ces vestiges sont stables actuellement, mais très infiltrés, ils continuent à se dégragréger lentement.


Corps de logis (planches 1-2-7-8)

Il était appuyé au revers des courtines Nord et Est, d'une tour à l'autre.
Il n'en reste qu'un refend, appuyé à la courtine Nord (planche 8) et un vestige de façade dans le prolongement de la face Sud de la tour Nord-Ouest, encore que cette façade a été manifestement doublée par une construction dont les encastrements de solivage sont encore en place.
Tous les éléments architectoniques ont été prélevés, laissant comme ailleurs des trous béants.
Seul, l'emplacement d'une cheminée au revers de la courtine Nord et de beaux vestiges d'enduits muraux, témoignent de ce que furent les pièces d'habitation.
Leur état de conservation est celui des courtines et des faces des tours décrites plus haut.

Le refend Nord-Sud est très stable à cause de sa grande largeur, mais il se désagrège lentement. comme le reste.
Il n'est pas possible actuellement de reconnaître les sols. Autant les accumulations de débris d'effondrement que les excavations sauvages récentes ont perturbé toutes lisibilité en l'état actuel.


Enceinte basse-cour (plan 1)

L'angle Sud-Ouest est encore attesté par un vestige de courtine tournant sur une dizaine de mètre.
La face Sud a été dérasée jusqu'au rocher qui est nu, mais sur lequel on peut reconnaître par endroit des arasements dont un relevé systématique permettra ultérieurement de retrouver l'organisation.

C'est en face Est, et en contrebas du château que se poursuit une courtine qui semble bien conservée sur 3 à 5 m de haut, formant un pic en contrebas du sentier actuel
Sous le château lui même, cette courtine, actuellement arasée au niveau du sentier, englobait l'émergences rocheuse qui porte le château.
Cette disposition explique les meurtrières très basses qui, de la courtine Est du château commandaient la lice étroite entre ces deux murailles.

Cette courtine est entièrement recouverte de végétation; il n'est pas possible d'en estimer l'exact état de conservation.
Il est toutefois évident que son dégagement et sa consolidation viendront renforcer le caractère militaire du site, tout en permettant d'aménager une promenade confortable sous la plus belle face du château.