Château de Miglos

 

 

 

Au sommet inaccessible de toutes parts (750m), excepté au Sud du côté du village d'Arquizat se dressent les ruines imposantes du vieux château féodal qui veillait sur la vallée de Vicdessos et défendait l'accès à la vallée de Miglos. Le seul accès était le vieux chemin reliant Niaux à Arquizat qui passait à ses pieds. Aujourd'hui c'est la départementale D156 qui passe par là.

 

 

Le château de Miglos s'intégrait au glacis défensif du comté de Foix. Il pouvait communiquer par signaux avec le château de Montréal-de-Sos (tour carré d'Olbier) et avec les châteaux de Quié et de Génat par l'intermédiaire du fort de Castel Merle situé sur le pic entre Baychon et Niaux. Ce système défensif devait être complété par les grottes fortifiées "Spoulga" de Baychon et d'Alliat (peut être celle de Montréal-de-Sos).

 

 

 

La plate-forme où est construit le château mesure environ 100 mètres de long sur 30 mètres de large. L'enceinte est en forme d'ellipse. Au nord de celle-ci subsiste, sur la partie la plus élevée du roc, un ensemble quadrangulaire, d'environ 22 mètres sur 24 mètres.

 

 

 

La surface du promontoire au Sud correspond sans doute à une ancienne basse-cour, le rocher affleure partout, et on y reconnaît pour l'instant aucune trace d'aménagements.
Le relief s’impose à l’ouvrage défensif. L’architecture s’amalgame au rocher dont l’utilisation est un phénomène essentiel dans l’habitat rural militaire médiéval en Sabartès ce qui démontre une volonté d’adaptation aux possibilités naturelles offertes.

 

Crédit Photos Emmanuel Demoulin


 

 

 

 

 

A l’ouest, sur le côté le plus escarpé dominant le vallon, celle-ci suit à peu près la forme tourmentée de la falaise, tandis qu’à l’est, subsiste sur toute sa longueur un grand mur parfaitement rectiligne. Celui-ci était peut-être doublé par un second mur situé quelques mètres à l’intérieur de l’enceinte et dont on distingue encore quelques pans au sud du château. Ces murs d’enceintes dont l’épaisseur est d’environ 90 centimètres, ne semblent pas être de même facture. Ceux de l’ouest ainsi que ceux qui doublent l’enceinte est, sont faits de petites pierres calcaires mal taillées et reliées entre elles par un mortier de chaux grossier. Le mur rectiligne à l’est, est constitué de blocs de moyen appareil, mieux taillés et reliés entre eux par un mortier composé avec du gravier plus fin. Il est possible que ce mur ait été surajouté plus tardivement, pour consolider le côté le plus fragile de l’enceinte. Cette enceinte délimite une basse-cour, à peu près plane et probablement arasée, d’une soixantaine de mètres de long.

L’enceinte initiale du château de Miglos est un rempart de faible épaisseur, constitué de moellons autochtones mal équarris  et liés au mortier de chaux. Quelques boulins apparaissent ça et là, en face interne du mur, là où un échafaudage pouvait aisément être installé. Du fait de l’irrégularité des moellons utilisés, les parements ont un aspect désordonné totalement à l’opposé de ceux des églises romanes.
Dans le mur ancien du château de Miglos, comme dans les ouvrages des XIIIème et XIVème siècles, la construction semble indiquer une carence de tailleurs de pierre mais une technicité plus remarquable de la maçonnerie. 


Néanmoins même dans les bâtiments castraux du Moyen Âge central des différences existent : on doit souligner notamment l’intense utilisation des arêtes de poisson dans les murs, technique dont on sait qu’elle se diffuse aux Xème et XIème siècles pour des raisons d’abord décoratives mais aussi fonctionnelles et qui perdure dans notre vallée jusque dans des bâtis du début du XIIIème siècle.
Détail "arêtes de poisson"
Photos Flo Guillot

Reste que les différences entre bâtis ecclésial et castral sont difficiles à expliciter car la main-d'œuvre était évidemment la même. Il faut probablement y voir une différence de moyens générée autant par les possibilités monétaires des seigneurs que par une moindre volonté de favoriser la qualité du bâti dans des monuments déjà impressionnants par leur situation de perchement et par la présence altière de la tour maîtresse dominante.

La disparition documentaire du site à partir du milieu du XIVe siècle est révélatrice du désengagement des comtes désormais surtout vicomtes de Béarn et notamment de Febus qui désengage les anciennes forteresses comtales coûteuses, et désormais inutiles, car le Sabartès cesse d’être un point fort des possessions comtales et que les pratiques comtales s’orientent plus vers le clientélisme. Le nombre d’ouvrages se réduit rapidement et se concentre en Béarn, entre le Béarn et le comté de Foix, ou à l’aval du comté de Foix.


  La tour Sud-Est "Donjon rectangulaire" atteignait la hauteur de 19 mètres sur une base de 9 mètres sur 7 mètres. Elle a conservé ses faces Nord et Est. Les faces se sont effondrées entre l'été 1948 et l'automne 1949. On peut voir sur des photos du début du siècle la tour intacte, sur ces photos on peut observer une fissure qui lézarde le mur exactement au point de rupture.

Il a été remarqué qu'à la fin du XIIème siècle en haute Ariège les tours maîtresses sont le plus souvent du côté le plus accessible, le côté à défendre, plutôt qu’au centre du château, c'est le cas pour cette tour . On trouve de ce côté  la Spoulga de Baychon qui était sûrement un poste avancé, assurant une meilleure défense

Il est facile de remarquer que la tour a été repris en hauteur.  Ses murs, bâtis en blocage, sont épais 1,4 mètre ; ils sont donc 50 centimètres plus larges que les murs du reste de la fortification. L'épaisseur des murs diminuent au fur et à mesure pour finir à environ 70 centimètres

Cette tour possédait quatre étages qui apparaissent grâce aux décrochements de la muraille interne du bâtiment. Il s’agit donc d’étages sur planchers. Le donjon mesure 9 mètres sur son plus grand côté et 7 sur sa face la plus petite. La tour était couronnée de merlons carrés et l’on remarque nettement l’encoche des hourds, un mètre sous les créneaux et les merlons. Les créneaux ont été ensuite rebouchés  et un nouveau crénelage fut superposé pour permettre d’élever le bâtiment et de faire de ce donjon un bâtiment essentiellement résidentiel.

Ce donjon ne possède aucune meurtrière, mais le troisième étage est ajouré, dans la partie reconstruite, du côté du chemin de Baychon face Est, par une baie ogivale trilobée de tradition Romane dont la dimension est d’environ un mètre sur 60 centimètres de large. Juste en dessous on peut voir une petit baie avec ardoise-égout qui devait servir à évacuer les eaux usées.

La tour Nord-Ouest  "Tour citerne" comporte dans son étage inférieur une salle voûtée. Elle mesurait aussi une quinzaine de mètres et était crénelée. Des traces de  mortier de tuileau indiquent qu’il pourrait s’agir d’une citerne, dont la contenance peut être estimée à une trentaine de m3. Il n'y a pas d'ouverture dans la voûte ; on ne peut certifier qu'il s'agisse d'une citerne ouverte sur l'extérieur après coup.
On peut rapprocher cette citerne dans sa forme aux tours-citernes de Lordat ou de la tour Nord du château de Montréal-de-Sos que l'on nomme tour du Barri.
Cette citerne voûtée en étage inférieur située dans une tour périphérique mais interne à l’enceinte ne parait pas antérieure au XIV
ème siècle à Miglos. 

Plan Barrière Flavy 

 

Les deux tours étaient reliées entre elles par un bâtiment en équerre comportant au moins deux salles. La plus longue, contiguë au donjon, était adossée au rempart du côté du chemin de Niaux et dans lequel sont percées quatre archères rectangulaires, disposées régulièrement et à un mètre du sol. Leur fond est plat et elles mesurent toutes les quatre 80 centimètres de haut sur 35 de large, du côté intérieur et 10 centimètres de large, du côté extérieur. Percées côte à côte, trois d’entre elles sont orientées vers Arquizat et l’amont du vallon, tandis que la dernière est orientée vers la vallée du Vicdessos. Une cinquième archère est percée dans le mur nord du rempart, vers la vallée de Vicdessos. Elle a les mêmes caractères et mesures que les précédentes. Enfin, la plus petite des salles, contiguë à la petite tour, possédait une cheminée dont le percement ultérieur à la construction du mur d’enceinte avait affaibli ce dernier. Il a été renforcé à l’extérieur par deux contreforts. L’ensemble du bâtiment paraît avoir été repris plusieurs fois.

L’enceinte extérieure est archaïque et s’apparente à la partie basse du donjon. Il s’agit des vestiges du premier château du XIIème siècle. Puis le donjon semble avoir été repris une première fois, avant la construction de l’enceinte quadrangulaire interne. Celle-ci est plus tardive et s’apparente aux enceintes postérieures au milieu du XIIIème siècle. Le mur d’enceinte qui relie le donjon est d’ailleurs surimposé au mur du donjon.

Les archères qui la percent semblent être concomitantes à sa construction. Certains de ces aménagements résidentiels, comme la cheminée ou les bâtiments annexes, peuvent être encore plus tardifs, mais la tour-citerne paraît de même facture que l’enceinte. En somme, la fortification initiale aurait été composée d’une vaste enceinte, suivant le relief et d’un donjon, au point le plus haut mais non au centre, légèrement décalé du côté du col, côté le plus exposé.

Dans un second temps, postérieurement au milieu du XIIIème siècle et peut-être au début du XIVème siècle, d’après la documentation écrite, une enceinte quadrangulaire, sorte de réduit fortifié aurait été construite en même temps qu’une tour à l’opposé du donjon et que s'effectuaient des réparations du donjon. En dédoublant l’enceinte castrale, elle réduisît de quelques mètres l’espace extérieur du donjon et cette partie du bâtiment fut définitivement accolée à l’enceinte. Enfin, des aménagements résidentiels, tels la cheminée, le bâtiment annexe maçonné et le comblement des créneaux du donjon, ont pu être effectués plus tard puisque ce château est mentionné jusqu’au début du XVème siècle.

Vraisemblablement en 1792 le château féodal est  brûlé. Geste symbolique ?  Le château tombe en ruines et n'est plus habité.  Le baron de Miglos, Jean-Louis de Montaut est installé, depuis de très nombreuses années, dans sa vaste demeure sise à l'entrée du village d'Arquizat (en venant de Capoulet) qui est également appelée le "Castel " et transformée en ferme, par la suite.

Souhaitons qu'un jour une étude archéologique sera entreprise qui nous permettra de mieux comprendre la structure et l'histoire de notre château.