Château de Miglos
Histoire
 

Crédit Photo Laurent Crassous

Placé à un point stratégique de la vallée du Vicdessos, ce fort défendait, au moyen-âge, outre l'accès au territoire de Miglos, une grande partie de la contrée.  

La première mention du Château en 1159, Pierre de Miglos rend hommage au comte de Foix.
En 1213 ...castra de ..., de Mereglos...  (Concile de Lavaur) le comte de Foix Raymond Roger de Foix remet toutes ses terres en garantie à Pierre le Catholique (Pierre II) roi d’Aragon avant la bataille de Muret. Le château de Miglos fait partie des places-fortes données en garanti à l’église de Rome qui se prépare à anéantir les cathares. Cet acte reprend 12 châteaux  et 6 « caougnos » (voir page Spoulga)

Il est également nommé dans l'enquête sur la délimitation du comté de Foix, réalisée en 1272 : " ... item vallis de Miglos cum castro de Miglos et sua dominatione...".  

Le château de Miglos devait s'intégrer à un dispositif important de défense de cette zone du Haut Comté de Foix.  Il était en liaison, par signaux, avec le château de Montréal de Sos (Olbier). Côté Tarascon, il communiquait avec les châteaux de Quié et Génat, par l'intermédiaire du fort de Castel Merle, qui était situé sur le haut du chaînon calcaire qui sépare Niaux de Baychon. Castel Merle a complètement disparu. Quelques vestiges subsistaient encore au début de ce siècle. Sur une falaise de cette même barrière rocheuse, on peut encore voir la "Caougno paredado" (la grotte fortifiée de Baychon) dont la construction remonte également à une époque très ancienne, et qui pouvait, tout comme Castel Merle, appartenir au système défensif du château de Miglos.

Par ailleurs, la dispersion de l'habitat de ce territoire (cinq hameaux) semble également ancrée dans un passé fort éloigné. Ainsi, dans les interrogatoires de l'inquisiteur Jacques Fournier (futur pape Benoît XII), menés de 1318 à 1325, on relève les noms de Norgeat, Norrat et Axiat (Arquizat étant assimilé à Miglos) associés aux pérégrinations des "bonshommes" cathares se rendant à Larnat et qui comptaient des sympathisants actifs à Norrat et Axiat, plus particulièrement.

Ne refermons pas cette parenthèse, sur l'époque Cathare, avant de signaler que le plus illustre des habitants de la vallée, Arnaud de Miglos, seigneur du lieu, a été convaincu d'hérésie (tout comme sa fille Brunissende) après la chute de Montségur. Dans sa confession aux Inquisiteurs, le 24 mai 1244 (confirmée le 12 mars 1247) il déclare, entre autres, avoir cru en la parole des "Parfaits", dont certains étaient venus dans son château de Miglos, où il les avait "adorés". Également, il dit avoir fait parvenir à Pierre Roger de Mirepoix, qui défendait Montségur assiégé, douze cordes pour une pierrière, deux frondes pour une baliste et une arbalète. Tout ceci lui a valu d'être enfermé dans les cachots ("le mur") de la cité de Carcassonne. Il sera rendu à la liberté, sur ordre donné par le pape Innocent IV le 24 décembre 1248.

Au tout début du XIVème siècle, la famille De Miglos possédait le fief du même nom, qu'elle tenait du comte de Foix depuis 150 ans environ. A noter que le premier porteur de ce patronyme semble avoir été Brunet. Il était très certainement fils de Wilhem Aton, qui, vers 1108, restitue au chapitre de St Sernin de Toulouse tous ses droits sur l'église de Miglos, qu'il avait usurpés.

Pour un motif ignoré (peut-être son appartenance à l'Hérésie cathare, qui avait réapparu avec vigueur dans nos contrées, après 1300) la famille De Miglos va être dépossédée de sa seigneurie, au profit de celle de Son (ou d'Usson). La donation de la vallée et du château de Miglos, faite à Bernard de Son par le Comte de Foix Gaston 1er, est scellée par acte du 21 février 1311.  


Château vue de nuit
Crédit Photo Simon Gardes

   Après cette date, les De Miglos conserveront néanmoins quelques biens sur leur ancien fief. Par la suite, on retrouvera cette illustre famille à la tête des seigneuries de Junac, Luzenac et Château-Verdun. Bernard de Son restaurera le château de Miglos en 1320. Un important litige l'opposera d'ailleurs à 26 habitants de la vallée, qui refusaient d'effectuer les corvées nécessaires à une telle entreprise

En 1331, Jean de Son succèdera à son père, Bernard. Puis, la terre de Miglos changera plusieurs fois de mains, au cours des siècles. Elle appartiendra successivement aux familles de Rabat (Jourdain, 1343), d'Arnave (Guilhem-Bernard, 1380), du Léon (Guilhem-Arnaud, vers 1400), de Louvie (Manaud, vers 1450), de Béon (Pierre, 1510), de Goth (Bernard, 1575), de Montaut (François, 1610 ; fondateur de la branche De Montaut-Miglos).

 Arrive 1789. Jean-Louis de Montaut est alors baron de Miglos. Et l'on reparle du château féodal, qui sera brûlé (vraisemblablement fin août 1792) à la suite des divers événements engendrés par la Révolution. Geste symbolique en fait : la bâtisse tombe en ruines et la famille du seigneur est installée, depuis de très nombreuses années, dans une vaste demeure sise à l'entrée du village d'Arquizat (en venant de Capoulet) également appelée "le château" et transformée en ferme, par la suite.

 Preuve en est, les levés destinés à la réalisation de la carte de CASSINI, établis pour notre région par le géomètre LENGELEE, en 1775, sur lesquels on peut noter, pour la paroisse de Miglos : "un château" et "un château ruiné". 

 

 Documents originaux conservés à l'I.G.N.
Service de la cartothèque (Saint Mandé, 94)
Etat dressé en 1775, par le géographe Langelay, pour la réalisation de la "Carte de Cassini". 
(Feuille 40.St Barthélemy).

Source Gérard Lafuente

 

A noter que sur certains documents, le château féodal est dénommé "château Renaud". Cette appellation a toujours été inconnue des habitants de Miglos. Selon J. Ferlus, il s'agirait d'une erreur d'interprétation des officiers qui dressèrent la première carte d'Etat-major. La dénomination "castel de n'haut" (château d'en haut), attribuée au vieux château, a été francisée et est ainsi devenue "château Renaud". Plus prosaïquement, et au moins depuis la Révolution, les Miglosiens appellent "Castelhas" le château féodal et "Castelh" la ferme-château.

 


Le Castelh
Crédit Photo Joël Gardes

  

Le Castelh
Crédit Photo Joël Gardes

Cette appellation "Château Renaud " a été modifié sur les cartes IGN grâce aux efforts de Gérard Lafuente. 
Cette correction est effective .Dans la dernière édition de la carte 2147 ET - Top 25-  mise à jour en 2000, porte : "Chau de Miglos- Rnes  (Château de Miglos ruines)
Sur la carte du Comté de Foix et Couserans, dressée par LA BLOTTlERE en 1719, seul figure le château féodal. Est-ce à dire que la ferme-château a été construite entre ces deux périodes ? Selon C. BARRIERE-FLAVY, qui avait visité cette demeure vers 1890,l'aménagement et la décoration des pièces intérieures annoncent, tantôt l'époque de Louis XIV, tantôt celle de Louis XV. Il semble donc que l'on puisse faire coïncider cette construction avec l'implantation de la famille De Montaut sur la terre de Miglos. A noter que le Castelh avait également sa petite chapelle (construite en 1778 et dédiée à St Pierre). Quelques vestiges subsistent encore, et notamment un intéressant bas-relief en plâtre (dimensions approximatives : 2,50 m x 1,50 m), représentant les emblèmes de la papauté (clés croisées sous la tiare) surmontés d'un soleil et encadrés par deux anges, assis sur un motif de feuillage stylisé, le tout inscrit sous un grand arc symbolisant la voûte céleste.


Le Bas relief chapelle St Pierre

Crédit Photo Richard Van Egdom


Pierrre de facade Chapelle dédiée à St Pierre 1778

Crédit Photo Gérard Lafuente

Marie-Anne de Montaut-Miglos, sœur du baron Jean-Louis et ancienne abbesse de Prouille, avait hérité de son père, Pierre, ladite chapelle, en même temps qu'une partie de la ferme-château (Acte du 19 Floréal An IV, retenu par Me Jean-Baptiste Teulière, notaire public de Miglos, demeurant aux Passes de Junac).

La tourmente révolutionnaire passée, et à la mort du baron Jean-Louis de Montaut, le dernier seigneur de Miglos (décédé à Foix le 7 Floréal An III dans la maison du citoyen Calvet, place du Mercadal, et non sur l'échafaud à Paris, comme cela a trop souvent été dit) c'est l'une de ses filles, Jeanne-Françoise, et son époux le baron Jean-Louis-Hyacinthe de Vendomois, qui hériteront des biens des De Montaut (ou plus exactement qui rachèteront la part des autres ayants droit). Ils habiteront la ferme-château, d'où ils seront chassés lors de la révolution de 1830.

Jean-Louis-Hyacinthe de Vendomois, qui était maire de la commune depuis 1822, sera contraint de se démettre de ses fonctions "le dimanche 15 août 1830 au sortir des vêpres". Joseph Fauré Tailleuret, proclamé par la foule, lui succédera. Quant à M. de Vendomois, il sera retenu pendant trois jours dans le presbytère, où il s'était réfugié (curé Jean-Paul Augé) pour échapper à la population, qui exigeait la restitution de divers titres relatifs aux droits de la communauté sur les montagnes de Siguer, Miglos et Gudanes. Son épouse était allée se cacher à Capoulet. Selon la tradition orale, une mésaventure similaire était arrivée, lors de la révolution de 1789, au baron Jean-Louis de Montaut, qui se serait réfugié dans le clocher de l'église.

Quelques jours plus tard, dans la nuit du 24 au 25 août 1830, la demeure des Vendomois sera entièrement pillée. Elle ne sera cependant pas incendiée, comme certains l'ont écrit. Il suffit, pour s'en convaincre, de lire les dépositions, faites devant la Justice, du baron et de son épouse, ainsi que le rapport de l'expert, désigné par le Tribunal de Foix pour dresser un descriptif des dégâts commis (documents conservés aux Archives Départementales de l'Ariège). La mise à sac de cette demeure seigneuriale est à placer dans le contexte de la "Guerre des Demoiselles", qui sévissait alors dans notre région.

Hélas ! Nous n'avons, pas la chance de posséder un tel luxe de renseignements concernant les événements survenus à Miglos lors de la première révolution. La plupart des écrits de l'époque ont disparu, comme d'ailleurs d'inestimables titres et papiers anciens. Beaucoup ont alimenté un immense feu de joie, allumé sur la place d'Arquizat par les habitants de Miglos. Ainsi le confirme cette délibération municipale : "Ce jourd'hui seizième Nivôse de l'An II de l'ère républicaine, en l'exécution de la loi qui porte que tous les titres et papiers des ci-devant seigneurs devaient être brûlés, c'est pourquoi nous maire et officiers municipaux nous les avons brûlés ledit jour que dessus à l'issue des vêpres, en présence de tous les citoyens de la commune, avons fait brûler tous les papiers, titres, reconnaissances que nous avons trouvés dans la maison du ci-devant seigneur"...

Après 1830, l'époque des "ci-devant" est révolue à Miglos. Le baron de Vendomois et son épouse l'ont bien compris, qui, après avoir vendu la sapinière de Norgeat et la forêt de Naillan aux habitants de la commune (actes retenus le 23 novembre 1833, par Me Vic Jean-Baptiste, notaire à Tarascon) vont céder la totalité de leurs autres biens à Marie Sans, veuve Jean Bacou, et son fils Jacques Bacou, pour la somme de 44.000 francs (acte du 2 septembre 1834, de Me Vic). Cette vente porte notamment sur : "un château servant de maison d'habitation, logement pour les métayers, basse-cour, grange, sol, jardins, pigeonniers, terrasses et autres terres, le tout attenant ; des masures d'un vieux château avec les terres et les rochers attenants ; cinq moulins fariniers (d'En Bas, du Milieu, d'Amont, de la Commune, de Ladaine) à plusieurs meules".

 

 

En 1976, la SAFER avait racheté l'ensemble des biens précités aux sœurs Gouzy (Mathilde et Pierrette), qui les tenaient, par le jeu des successions, de leur grand-père maternel, Constantin Montaud (sans aucun lien de parenté avec la famille noble De Montaut-Miglos, dont le dernier représentant mâle, Dominique, fils de Jean-Louis et de Jeanne-Marie-Françoise De Combettes-Caumont, qui était célibataire, s'est éteint à Tarascon-sur-Ariège le 30 mai 1852), ce dernier les ayant acquis auprès des descendants Bacou, en 1898.

Actuellement, la ferme-château, est un gîte.  Il appartient à M. Van Egdom Richard et Mme Fettweis Gabrielle, qui l'ont achetée à Pierre Pujol (famille Pujol Janiret du hameau de Norgeat) acte de vente du 26 janvier 1987, de Me Bernard Teisseire, notaire à Foix "Le "Domaine du Castelh" (à l'exception des deux parcelles portant les ruines féodales) avait été acquis par Pierre Pujol, auprès de la SAFER, le 29 septembre 1979 (acte dressé par le même notaire).

A noter que le château féodal est propriété du département de l'Ariège depuis le 28 septembre 1984 (rétrocession de la SAFER). Ces vestiges ont été classés parmi les Monuments historiques, par arrêté du Ministre de la Culture et de la Communication, en date du 22 septembre 1987, "considérant que la conservation des ruines du château d'Arquizat à Miglos (Ariège) présente au point de vue de l'histoire et de l'art un intérêt public en raison de leur importance historique et de leur disposition architecturale".

La même année 1987 création de l'AACM  Association des Amis du Château de Miglos ; de type " loi de 1901".
L'Association des Amis du Château de Miglos  s'est fixé trois objectifs principaux :
- Sauvegarder les vestiges actuels, en apportant son soutien aux autorités compétentes, dans le cadre de la Protection du Patrimoine en Haute Ariège. Cette collaboration avec la Conseil Général a porté ses fruits, puisque deux tranches de travaux de restauration ont été réalisées en 2000 & 2003.
- Mettre le site en valeur pour mieux le faire connaître et inciter toujours plus de visiteurs à venir le découvrir.
- Oeuvrer pour le développement du tourisme local, en partenariat avec la Municipalité de Miglos, par la multiplication de manifestations à caractère culturel et d'actions de communication centrées sur le château

Restauration du Donjon (1ère tranche travaux cristallisation) en  hiver 1999/2000

Restauration (incomplète) Tour N.O. (2ème tranche) en  Mai/Juin 2003.

3ème tranche (Finitions Tour N.O. et mur d'enceinte entre les 2 tours) = Projet validé mais en attente de crédits  (Conseil Général de l'Ariège = OK, mais Etat = attente crédits).

Décembre 2007: Travaux de mise en sécurité de la Tour N.O.

 

Merci à Gérard Lafuente.