Le schisme de la Régale

Le schisme de la Régale a opposé Louis XIV au pape Innocent XI (mort en 1689). La Régale était le droit qu'avaient les rois de France de disposer des revenus des évêchés vacants et d'y faire les nominations ecclésiastiques. En 1680, à la mort de l'évêque de Pamiers (De Caulet), Louis XIV entend bénéficier des privilèges en question, pour ce diocèse également. Une période de troubles va s'instaurer, qui ne prendra fin qu'en 1693, lors de la nomination, à la tête de l'évêché ariégeois, de Jean Baptiste de Verthamon, ayant le double agrément du roi et du nouveau pape Alexandre VIII.  

En 1682, le Parlement de Toulouse oblige tous les prêtres du diocèse de Pamiers à reconnaître M. Dandaure, vicaire général régaliste. Malgré les risques encourus, de nombreux prêtres préféreront obéir à Jean Cercle, vicaire capitulaire de Pamiers, confirmé par le pape.

Le curé de Miglos, Puysségur (ou Poysségur) et son vicaire, Mignonac, font partie de ces derniers. Ces deux ecclésiastiques, et Puysségur plus particulièrement, auront à subir pressions, outrages et violences, qui n'entameront cependant jamais leur fidélité au représentant de Rome.  

Un prêtre régaliste, le sieur Ramon, fut nommé à Miglos et chargé de réduire les deux récalcitrants par tous les moyens. C'est ainsi qu'en septembre 1685, après plusieurs échecs, ledit Ramon (accompagné du baron de Miglos, Louis Alexandre de Montaut, de ses frères et de quelques habitants du lieu) fit murer, "à la pierre et à la chaux", la porte de l'église et la fenêtre de la sacristie où s'étaient réfugiés les deux prêtres. On avait pris soin, auparavant, de vider l'eau des vases de fleurs et du bénitier, afin qu'ils n'aient même plus de quoi boire. Des hommes armés furent chargés de garder l'église jour et nuit, pour empêcher toute aide extérieure. Le curé de Niaux, Henri des Innocens, qui était leur ami (et lui-même anti-régaliste) put leur faire parvenir un peu de nourriture, le troisième jour de leur séquestration, grâce à l'intervention du baron de Miglos.

Au bout d'une semaine, les sbires du sieur Dandaure vinrent démolir le mur qui fermait l'entrée de l'église et emmenèrent le curé Puysségur à Pamiers, où il fut incarcéré pendant deux mois, dans la prison de l'évêché. Refusant toujours de se soumettre aux régalistes, il allait être transféré à la prison de l'Ecarlatte à Toulouse, lorsqu'il réussit à s'évader grâce à une complicité extérieure. Ce prêtre regagna aussitôt sa paroisse, où on le voit officier dès le dimanche suivant. Il ne pourra cependant pas terminer le prône, car sept ou huit prêtres dandauristes font irruption dans l'église et tentent de s'emparer de lui. Il s'échappera par la fenêtre de la sacristie et ira se réfugier chez le curé de Niaux, où viendra le rejoindre son vicaire. Toutefois, par suite de son grand âge et des privations subies pendant sa détention, M. Puysségur tombe gravement malade et décède le 28 février 1686 .